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que pensent les chattes toutes seules, en se caressant contre un meuble. « Ah, soi-même ne pouvoir s’aimer. »

Tout l’accablait de langueur, la tiédeur de ce jour immobile, l’odeur des feuilles, le silence profond. Soudain elle se cambra comme un arc ; ses jambes battirent brusquement sous sa jupe, sa tête se renversa plus en arrière… Et quand elle rouvrit les yeux, elle aperçut un peu d’azur à travers les branches.

Sabine s’était reprise à écouter le mutisme des choses. Qu’elle se sentait seule au milieu de l’ombre ronde et verte. Elle pourrait crier ici de toute sa gorge : personne ne l’entendrait.

Pourtant elle se sentait enveloppée d’une présence sourde, innombrable, puissante. Si près de la terre, elle était comme un enfant qui, blotti au giron d’une femme endormie, en écoute battre le cœur. Qui me dirait, songea-t-elle, tout ce qui respire, parmi les choses ; tant d’êtres que l’on ne