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bruits même d’alentour, inspirait une espèce de religion aux paysans béarnais, pour si peu qu’ils soient crédules au mystère.

Et sans le bien savoir, c’est peut-être d’avoir peur que cherchait Sabine, sous ces voûtes dont la ténèbre, mais la transparence, faisaient songer aux abîmes de la mer. A travers le silence odorant des bois, le seul bruit de ses pas lui suggérait l’écho d’une autre présence. Oppressée de chaleur, elle se laissa tomber sur le versant d’un bloc de pierre, et déboutonna le haut de son corsage. Un peu de ses jeunes seins, dont l’éclat mat brilla dans la verdeur de l’ombre, était comme d’une ondine au fond de l’eau. Elle-même, il lui semblait être au cœur d’une émeraude. Elle avait croisé les bras derrière sa tête, et ce geste qui lui avait fait respirer l’odeur et l’acidité de son propre corps, la fit songer à ces violettes qui fermentent au soleil après une pluie d’orage.

Sabine fronça les narines voluptueusement, les yeux clos. C’est cela, se dit-elle,