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carrefour. Et on y est tout seul, tout seul… tout seul d’hommes, je veux dire.

— Comment, tout seul d’hommes, s’informa Cérizolles languissamment. Il y a des lions, peut-être, comme dans la forêt des Ardennes.

Guiche secoua la tête.

— Est-ce que vous croyez à la mythologie, demanda-t-elle ?

— Mon Dieu, ça dépend de l’heure.

— Vous riez, mais c’est une chose très vraie, au fond. En plein midi, l’été, quand les champs, les jardins, les bois, sont immobiles de chaleur ; et que rien n’est en vie, rien que la source dans les herbes, avec sa voix cachée ; ou bien cet oiseau, le martin-pêcheur, qui ressemble à un bijou bleu, lancé sur la rivière, — alors, il y a tant de choses qu’on devine autour de soi. Quelquefois, on dirait qu’il n’y en a qu’une, immense, qui respire et vous absorbe, comme si la terre tout entière n’était qu’une seule et même grosse bête. Alors, pour avoir peur —