— Pour sûr, ajoute-t-il, que je ne lui demande pas de faire tous les jours un Alboche comme le d’il y a trois mois, qui a rapporté un Hercule, et plus. — Mais dites-moi, père Manivelle, est-ce que vous n’auriez pas deux œufs frais ?
— Oui, Monsieur Gustave. Et l’huilier aussi des fois ?
Dans un bol blanc, avec une moue d’attention qui lui colle sa sibiche au coin des lèvres, Gustave-Alphonse fait sa sauce, malgré les plaisanteries de l’auditoire (et lesquelles ! ). Enfin la voici prise, et jaune et brillante. Avec précaution, sa porcelaine à la main, il regagne le domicile conjugal. Presque aussi tôt, Eulalie rentre de son côté.
—— Eh bien ?
—— Nib, répondit la jeune fille, avec concision. La mouise.
Et, non sans appréhension, elle se tient près de la porte — Gustave a beau être une pâte, c’est son homme pas ? et pareil aux autres hommes.
— Non, non, crie Eulalie, qui le voit toujours debout. Pas de bleus. Après, ils se fichent de moi, s’y me zyeutent en dessous.
— Ah, y se fichent de toi, grogne le jeune homme. Paraîtrait qu’y ont jamais corrigé leurs épouses, ces mectons à la mollasse !
Et au lieu de mieux faire, il se rassied. Un feignant quoi, ce Gustave-Alphonse.
— N’y a qu’à prendre, explique-t-il, quatre sous de pain, Avec la sauce.
Mais Eulalie n’a plus peur.