sur-le-champ, mais il n’en est pas de même des secousses politiques, qui ont cela de commun avec les grands monuments, qu’on ne peut bien les juger le nez dessus, et qu’il faut se reculer pour en saisir et en apprécier l’ensemble. — Nous avons constaté surtout avec quelque malaise, dans cette dernière œuvre de Jules Claretie, des jugements sur les événements de la Commune qui nous ont semblé bien… prématurés. Discuter ces appréciations serait tomber dans le même travers que celui que nous reprochons à l’auteur ; nous nous contenterons de dire que lors même que nous partagerions les idées de Jules Claretie sur les hommes et les choses de cette malheureuse époque, nous considérerions comme un devoir de ne pas accuser avant le moment où il serait permis à nos adversaires de se défendre. — Nous pensons que Jules Claretie éprouvera un jour, en même temps que le regret d’avoir écrit trop tôt cette partie de son œuvre, le désir de la refaire ou tout au moins de la compléter. Nous le croyons d’ailleurs homme à ne pas résister à cette envie.
Au physique, Jules Claretie est un homme aux traits distingués et empreints d’un air de loyauté parfaite. Un vrai type de girondin. — C’est un de nos jeunes, c’est-à-dire un de nos plus chers. — On lit sur cette physionomie intelligente et quelque peu sévère l’amour du juste et du vrai, et la foi robuste en l’avenir d’une nation qui, n’étant point morte de ses fautes, doit forcément avoir puisé son salut dans leur expiation. — Signe particulier : Jules Claretie a le nez tellement de travers qu’il désole tous les photographes. Quand le visage est de face, le nez vient de profil, et vice versa. Cette particularité expose Jules Claretie à un sérieux désagrément. Quand il veut courir sur le boulevard Haussmann pour ne pas manquer le train de la gare Saint-Lazare, son nez, planté en biais, fend le vent tout de travers, comme une voile de beaupré, et la déviation le jette sur le Grand-Opéra.
NOTICE COMPLÉMENTAIRE
PAR LES COLLECTIONNEURS DU TROMBINOSCOPE
Jules Claretie est élu député à l’Assemblée constituante le... 18... — M. Baze, en le voyant se diriger vers la gauche, l’appelle pour lui dire qu’il se trompe, prétendant qu’il est impossible qu’un républicain ait l’air aussi distingué. — Enfin, après une carrière honorable et brillante, pendant laquelle ses convictions républicaines se guérissent radicalement d’un tout petit germe d’anémie, Jules Claretie meurt le... 19.., ayant acquis tous les titres à l’estime publique que peut envier un honnête écrivain, sans en excepter celui d’avoir été injurié par le Pays.