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dant ce temps son diocèse s’administrait comme il pouvait ; cette façon de conduire l’évêché d’Orléans, en ne s’occupant que de ce qui se passait à Paris, finit par énerver tellement Henri Rochefort, qu’un beau matin du mois de mai, il écrivit à M. Dupanloup pour lui offrir d’aller confirmer les communiantes à sa place dans le cas où, ce jour-là, il aurait un article à finir sur la contrainte par corps ou l’organisation de l’armée. — M. Dupanloup s’empoigna de nouveau avec Louis Veuillot et alla jusqu’à defendre à ses séminaires de s’abonner à l’Univers, ce qui fit dire au Tintamarre : À peine nommé évêque, Mgr Dupanloup a mis l’anneau épiscopal à son petit doigt et l’Univers à l’index. — Toujours mû par ce besoin de scandale qui caractérise les hommes qui mettent des mac-farlanes violets en général, et M. Dupanloup en particulier, ce dernier ne tarda pas à trouver une nouvelle occasion d’honorer le clergé en publiant des pièces compromettantes pour son prédécesseur, M. Rousseau ; il trouva ces pièces dans les archives de l’évêche, ce qui devait les rendre, pour lui, un peu plus sacrées que la confession même ; mais il s’en servit néanmoins pour flétrir la mémoire d’un mort, avec l’aisance d’un homme qui a toujours des absolutions en blanc dans sa poche pour les cas pressants. La famille de M. Rousseau lui intenta un procès en diffamation, et le tribunal correctionnel, tout en qualifiant le procédé de M. Dupanloup de « violences que les entraînements de la lutte politique expliquent sans les excuser, » le renvoya de la plainte. Il faut vraiment être imbibé comme une éponge de tout le respect qui nous anime à l’égard des décisions de la justice pour ne pas se demander à quelle récompense a droit l’auteur d’un crime excusable dans un pays où l’on acquitte les gens dont on déclare les forfaits sans excuse. — En avril 1863, M. Dupanloup fit échouer la candidature de M. Littré à l’Académie en démontrant clairement aux immortels, si l’on en croit Pierre Larousse, que M. Littré, avec sa manie de rire du miracle de la Salette, était l’unique cause des inondations de la Loire, de la recrudescence de la variole et de l’arrivée des sauterelles dans le Midi. — Peu de temps après, M. Dupanloup s’éleva violemment contre le programme de M. Duruy qui confiait l’instruction secondaire des jeunes filles aux professeurs de lycées. Ce rapprochement des sexes scandalisait la vertu de M. Dupanloup ; cependant on passa outre, et la statistique des tribunaux a démontré depuis que la police correctionnelle juge en moyenne une vingtaine de prêtres par an pour abus de confessionnal, tandis que l’on en est encore à attendre qu’un professeur de lycée soit accusé d’avoir enseigné à ses élèves autre chose que ce qu’il était chargé de leur apprendre. — Aux élections du 8 février 1871, M. Dupanloup a été nommé député du Loiret. Depuis cette époque, il est l’un des piliers de cette honnête et vaillante cohorte de vieillards qui font un essai loyal de la République tout en préparant une restauration monarchique pour ne pas perdre de temps. Récemment M. Dupanloup a renouvelé son essai de faire fermer au nez