Nice, sa ville natale, fut cédée à la France ; le moins qu’on pût faire pour ce héros, qui avait combattu pour toutes les nationalités, c’était évidemment de le priver de la sienne. — Il est vrai de dire que Nice fut consultée à ce sujet par un plébiscite, et tout le monde sait qu’un plébiscite, c’est sacré ; le plébiscite, tel qu’il est ordinairement pratiqué, peint l’état de l’âme d’un peuple à peu près comme les enfants prouvent leur tendresse à un étranger, en exécutant la consigne maternelle « Fais risette au Monsieur, il te donnera deux sous. » — En 1860, Garibaldi protesta contre cette annexion, donna sa démission de député et organisa, au moyen de souscriptions, une expédition en Sicile ; il chassa le roi de Naples et donna ses États à Victor-Emmanuel. — Ici, nous sommes forcé de trouver un cheveu sur la conduite de Garibaldi : Oter un roi de quelque part et en remettre un autre à la place, c’est faire juste la moitié de la besogne en trop. Mais Garibaldi avait, dit-on, beaucoup d’affection pour Victor-Emmanuel ; on n’est pas parfait — à la suite de ces événements, Garibaldi fut nommé général ; mais il se retira à Caprera, décidé à attendre la première occasion, et même à la faire naître, de dévisser Pie IX de son trône et de rendre Rome à l’Italie. — Victor-Emmanuel, le roi galant homme, désirait vivement cette solution ; mais retenu par des considérations diplomatiques, il désavoua les tentatives de Garibaldi tout en en souhaitant le succès. Aussi à la suite d’une expédition malheureuse qu’entreprit Garibaldi, qui fut blessé à Aspromonte, beaucoup plus que le général Ducrot à Champigny, Victor-Emmanuel donna-t-il une amnistie dans laquelle était compris le général qui la refusa avec la dignité d’un homme à qui l’on dirait : je vous pardonne le bien que vous avez voulu me faire au péril de votre vie. — Dans la guerre contre l’Autriche, Garibaldi fut encore blessé à Monte-Suello, au moins autant que le général Trochu à Montretout. — Enfin, en 1867, Garibaldi tenta une dernière expédition contre Rome et échoua grâce à l’intervention du général français de Failly qui devait plus tard ajouter à la gloire d’avoir étrenné nos chassepots pour le compte du denier de saint Pierre, celle d’oublier son artillerie pendant notre guerre contre la Prusse, chaque fois qu’il devait se rencontrer avec l’ennemi. — En 1870, Garibaldi accourut en France combattre pour la République, et fut nommé député à l’Assemblée de Bordeaux, qui le reçut comme un bonnet phrygien dans quinze douzaines de perruques à frimas. Il se retira, et depuis ce temps il attend à Caprera une nouvelle occa-
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