Page:Touchatout - Le Trombinoscope, Volume 1, 1871.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conseiller général ; administrateur de la Banque parce qu’il était membre de la Chambre de commerce ; président du comité de secours des ouvriers cotonniers parce qu’il était administrateur de la Banque, etc… etc… M. Pouyer-Quertier devint en peu de temps tout ce qu’un bon commerçant qui a de la veine peut devenir sans être un aigle ; mais du diable si l’idée serait venue à personne qu’il pût dépasser cette estimable moyenne. Nous ne prétendons pas par là insinuer que M. Pouyer-Quertier soit complètement incapable ; mais jusqu’ici ses actes ont été si uniformement marqués au coin de la routine la plus crasse que l’on est naturellement conduit à se demander s’il peut exister un seul conducteur d’omnibus qui ne soit pas conseiller municipal dans un pays où les Pouyer-Quertier deviennent ministres. — M. Pouyer-Quertier fut nommé député au Corps législatif en 1867 comme candidat du gouvernement impérial ; il a donc la tache originelle. Il fut réélu au même titre en 1863. Il avait eu six ans pour se repentir de la première candidature officielle ; il ne l’a pas fait ; ça le regarde ; mais il est bon de noter en passant qu’il n’y a queles républiques fondées par des monarchistes de 75 ans pour passer par-dessus ces choses-là. — Dans toutes les questions politiques, M. Pouyer-Quertier votait avec la droite ; sa place est marquée dans l’histoire à côté des couteaux à papier les plus distingués de cette époque à jamais bénie où Rouher faisait si aisément prendre aux élus de la nation des bons mexicains pour des billets de Banque et les étaliers de Pietri pour des soeurs de charité. — M. Pouyer-Quertier eut, cependant, quelques bons mouvements, et il serait injuste de ne pas les consigner ici. Nous le ferons d’autant plus volontiers que la nomenclature n’en doit être ni longue ni fatigante. Il combattit les monopoles des grandes compagnies de finances et de chemins de fer, demanda l’abaissement des tarifs et la réorganisation de la navigation ; il protesta avec assez de vigueur contre le système financier de M. Haussmann, et démontra clairement que si on laissait faire le préfet de la Seine, il n’y aurait bientôt plus un seul endroit où un habitant de la lune pût poser le pied sans passer au travers. — M. Pouyer-Quertier s’était aussi élevé avec acharnement et à différentes reprises contre le principe du libre-échange et s’était fait remarquer comme un protectioniste enragé. De mauvaises langues ont prétendu qu’en cela il écoutait plus les intérêts particuliers de son industrie que l’intérêt général du commerce français. Toujours est-il que ses idées à ce sujet parurent partagées par beaucoup de négociants qui lui firent un semblant de réputation à cause de sa campagne contre le principe du libre échange. Sans approfondir autrement une question à laquelle nous sommes d’ailleurs complètement étranger, nous nous bornerons à faire remarquer à nos lecteurs que l’application de tous les systèmes nouveaux a de tout temps soulevé les réclamations des gens qui faisaient leur beurre à l’aide des anciens, et que l’on a vu beaucoup de conducteurs de diligences traîner dans la boue, avec