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Lachaud, candidat officiel, de plusieurs douzaines de sanglots. — Pendant cette période, il essuya cependant, avec plusieurs de ses collègues modérés, un assez joli succès de trognons de pommes dans une réunion socialiste de Clichy. La réaction contre l’opposition en carton-pâte commençait, et le peuple se fatiguait visiblement de ces farouches républicains qui se faisaient, sans douleur et sans danger, les trop tranquilles avocats de ses revendications. — M. Jules Simon fut nommé, en 1868, président de la Société des gens de lettres. Il en profita pour aller mendier en faveur de cette Société des secours et des distinctions auprès du gouvernement de Vélocipède père. Les gens de lettres désavouaient ces démarches de leur président, pensant que des hommes intelligents ne devaient tendre la main à l’Empire que le poing fermé ; M. Jules Simon dut donner sa démission. — M. Jules Simon a publié un grand nombre de volumes, entre autres, l’Ouvrière, l’École, le Travail, etc., ouvrages dans lesquels il a éloquemment démontré qu’il y a beaucoup à faire en faveur des classes laborieuses.

M. Jules Simon a fait partie du gouvernement de la Défense nationale. Pas plus que ses collègues, il n’a eu l’audace de mettre en pratique ses théories républicaines qui lui avaient rapporté tant de gloire et d’argent, et sa popularité de mauvais aloi a sombré avec celle de ces complices. Cependant il a surnagé, ce qui tendrait à prouver qu’il était encore plus creux que les autres : M. Thiers, en dépit de l’opinion, l’a choisi comme ministre de l’instruction publique. Sentant toute son impopularité, mais bien décidé à la braver, M. Jules Simon s’est fait maçonner son portefeuille sous le bras, et jusqu’ici les horions les plus formidables n’ont pu avoir raison de ce scellement pour lequel l’auteur de l’Ouvrière semble avoir retrouvé le secret du fameux ciment romain. — M. Jules Simon, assure-t-on, a été membre de l’Internationale, sous le n° 606. Pour se faire une idée du plaisir qu’il éprouve lorsqu’on lui rappelle cette circonstance de sa vie, on n’a qu’à se figurer un concierge devenu millionnaire et que ses anciens amis n’abordent qu’en lui criant devant tout le monde : Cordon, s’vous plaît !…

Au physique, M. Jules Simon est un petit homme rondelet ; il est du nombre de ces philanthropes que l’étude des misères sociales engraisse. — Il appartient aussi à cette nombreuse catégorie de réformateurs en chambre dont l’œil deux s’humecte au spectacle du peuple opprimé et qui s’écrient avec feu : Il y a quelque chose à faire pour ces pauvres victimes !… je feroi… là-dessus un livre qui se vendra très-bien !… — L’Empire avait créé deux sortes d’heureux : ceux qui vivaient en le soutenant et ceux qui vivaient en l’attaquant modérément ; M. Jules Simon était de ces derniers, en compagnie des Favre, des Picard, des Ferry et autres débitants d’opposition douce, facile et lucrative. Le métier n’était pas dur ; avec un peu de précaution, on en tirait gloire et profit, et comme l’a si bien dit Rochefort : Se lever de son banc, réclamer une liberté, ne pas l’ob-