Page:Touchatout - Le Trombinoscope, Volume 1, 1871.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut pas faire question une seconde. — Nous avons déjà eu l’occasion de le dire : Avec les familles royales en général, et à plus forte raison avec celles de ce calibre-là, il faut croire à toutes les gueuseries qu’on leur prête pour tâcher de se rattraper un peu de celles qu’on ignore. — La fin du règne de Napoléon III fut marquée par une intrigue d’une malpropreté telle qu’un haut magistrat de l’empire put seul y séjourner sans tomber à la renverse. L’empereur avait eu — ou cru avoir — d’une cocotte un enfant adultérin ; l’impératrice fut informée de la chose ; on voit le reste d’ici : scène, bris de vaisselle, coups de griffes, etc., etc. — Un des plus honorables membres de la magistrature (c’est la magistrature elle-même qui en convient) se dévoua pour ramener la concorde dans ce ménage troublé. Il amalgama un tas de preuves, de lettres, de déclarations où il était question d’accouchement à sept mois, d’aveux de trahison, de repentir, etc., etc… L’impératrice, qui ne s’était mise en colère que pour la forme et pour se faire payer un chapeau à la scène du pardon, sèche ses beaux yeux, et dit à l’entre…preneur de réparations matrimoniales : « Cher monsieur Devienne…, je vous remercie bien de toute la peine que vous vous êtes donnée pour me prouver que Louis est pur. Si mon mari ne me trompait pas, il me tromperait bien ; mais enfin n’en parlons plus. »

En 1870, l’Empereur sentant le pouvoir lui échapper et le flot démocratique soulever les coussins de son trône, eut recours à ses deux moyens ordinaires pour consolider sa couronne et faire diversion au courant de l’opinion publique : le plébiscite et la guerre. — Le plébiscite lui réussit encore assez ; mais la guerre lui devint funeste. — Fait prisonnier à Sedan, le 3 septembre par les Prussiens, il fut déchu le 4. — Depuis ce temps il est fixé à Chislehurst où il fume des cigarettes sans nombre en caressant sa moustache baveuse et ses rèves de restauration.

Au physique, Napoléon III est plutôt mal que bien, plutôt laid que mal, plutôt ignoble que laid. — Il est de petite taille, les jambes sont courtes, l’encolure pâteuse. — Il a le front déprimé, le nez d’un polichinelle, l’œil éteint d’un pourri : il porte ses cheveux ramenés et collés aux tempes à en rendre jaloux toutes les cravates vertes de la barrière Popincourt. — Il était d’une constitution assez robuste ; les vices l’ont délabré, et le docteur Conneau a toutes les peines du monde à maintenir en équilibre les restes de cette carcasse rongée, cariée et gangrenée