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Louis-Napoléon Bonaparte, était le frère de l’empereur Napoléon Ier qui, dans la razzia de trônes faite au profit de toute sa clique, lui avait donné celui de Hollande — Napoléon Ier voulut être le parrain de son neveu, qui fut baptisé le 10 novembre 1810, au palais de Fontainebleau, par le cardinal Fesch, ce digne ecclésiastique dont on ne peut jamais prononcer le nom en société sans avoir l’air de s’arrêter tout à coup à cause des dames. — Au rétablissement des Bourbons, la Reine Hortense, sa mère, cette femme d’élite qui composait des romances en même temps qu’avec ses devoirs conjugaux, partit pour l’exil avec ses deux fils. Elle prit le nom de duchesse de Saint-Leu, parce que, depuis 1810, elle était séparée de son mari qui n’avait pas voulu se laisser raser plus longtemps avec l’air : Partant pour la Syrie… — Après s’être successivement fixée à Aix, à Genève, en Savoie et en Bavière, elle s’établit définitivement en Suisse, sur le bord du lac de Constance, ce qui fit beaucoup rire son mari lorsqu’il l’apprit, et se consacra à l’éducation de son fils Louis-Napoléon. — Ce dernier eut pour premier gouverneur un nommé Bertrand, duquel on dut se contenter, n’en ayant pas trouvé un qui s’appelât Robert-Macaire. — Le prince Louis se livra de préférence à tous les exercices du corps : l’équitation, l’escrime et la natation furent ses études favorites ; il eut un peu de mal pour apprendre à monter à cheval à cause de ses jambes trop courtes, grâce auxquelles il n’avait pas plus de prise sur sa selle qu’un petit binocle sur un gros nez ; mais en revanche la natation fut pour lui un triomphe ; la première fois qu’il se jeta à l’eau il s’aperçut qu’il nageait tout seul, cela lui servit énormément plus tard auprès de miss Howard pour se faire… commanditer. — À la nouvelle de la révolution de Juillet, Louis-Napoléon demanda à Louis-Philippe l’autorisation de rentrer en France ; elle lui fut refusée. Il se jeta alors dans le mouvement révolutionnaire de l’Italie où il ne fit pas ses frais ; à la suite de cette expédition, il tomba malade à Ancône et sa mère le ramena clandestinement à Paris, dont le séjour leur était pourtant interdit. Louis-Philippe les renvoya voir en Suisse s’il y était, avec tous les honneurs dûs à des mendiants qui s’introduisent par les cheminées, à une heure du matin, pour demander l’aumône. — En 1831 les chefs de l’insurrection polonaise offrirent à Louis-Napoléon le commandement de leurs légions, et comme récompense, dit-on, la couronne du nouveau royaume de Pologne. « Comment donc !… — répondit-il, — du moment où il y a un trône à fricoter,