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par an. Enfin !… la vertu avait trouvé sa récompense ; Cora Pearl et Rigolboche en crevaient de dépit. — Elle passa la saison des eaux à Biarritz. Après quelques excursions en Espagne, elle donna le jour à un fils (16 mars 1856) qui reçut en naissant le titre de prince impérial, ce qui ne l’engage à rien, ni nous non plus. — En 1855, l’Empereur présenta sa femme à la reine d’Angleterre ; les deux souveraines causèrent chiffons et ménage. L’impératrice exhiba sa garde-robe et sa parfumerie ; Victoria lui fit visiter sa cave ; elles s’entendirent au mieux. On remarqua qu’en reconduisant l’impératrice à sa voiture, la reine d’Angleterre était très-émue ; nous croyons qu’elle l’était aussi avant l’entrevue. Du reste, une personne, qui arrive de Londres, nous affirme que la reine Victoria n’est émue que dans deux cas : quand elle reçoit l’impératrice des Français et quand elle ne la reçoit pas ; le reste de son temps est consacré aux affaires publiques. — À trois reprises, en 1859, 1861 et 1865, pendant les absences de l’Empereur, l’impératrice exerça les fonctions de régente, présidant le conseil des ministres…


… Que le lecteur nous pardonne la vive émotion que nous venons de dissimuler derrière ces trois lignes de points trempées de nos larmes. Il est de ces souvenirs qui provoquent toujours un attendrissement irrésistible. Ah !… c’est que ce fut un beau et touchant spectacle que celui de cette épouse dévouée, de cette mère de famille maquillée de frais, signant avec une sollicitude infinie ces décrets qui faisaient la joie et le bonheur d’un peuple entier, tout en feuilletant les albums de hautes nouveautés que lui avaient adressés le matin les Villes de France, les Trois-Quartiers et la Compagnie lyonnaise. — La chronique ajoute que, souvent à son retour, l’Empereur fut épaté de certaines nominations dans l’ordre de la Légion d’Honneur et que lorsqu’il demandait à la régente : « Qu’a donc fait le jeune X… pour que tu le décores ? » L’Impératrice lui répondait invariablement : « Qu’est-ce que ça peut te faire, ô mon Louis… » — De son côté, l’Impératrice accomplit aussi quelques voyages avec son fils ; elle se rendit à Amiens pendant que le choléra y régnait et ne dut son salut qu’à l’habitude qu’elle avait de vivre dans un milieu malsain ; elle alla inaugurer le canal de Suez et de là au Caine, où elle se fit conter des gravelures par le vice-roi d’Egypte (Voir les Papiers de la correspondance impériale). — L’Impératrice a fait de nombreux dons aux sociétés savantes et de charité sur notre cassette particulière.

Quand éclata la guerre de Prusse, l’Impératrice régente lança une proclamation aux Parisiens pour leur dire que si l’ennemi venait assiéger Paris, ils la trouveraient sur ses murs pour le défendre. Cette réminiscence de Jeanne-d’Arc égaya pendant huit jours une situation qui d’ailleurs en avait grand besoin. — Les Prussiens arrivèrent devant Paris quelques jours après :