saient perdre beaucoup trop de temps depuis une maladie, peu dangereuse, mais très-gênante, qu’il avait gagnée en assistant aux batailles de l’Alma et d’Inkermann. — Du 24 juin 1858 au 8 mars 1859, il fut mis à la tête du ministère de l’Algérie et des colonies ; c’est pendant cette période qu’il épousa la princesse Clotilde-Marie-Thérèse de Savoie, fille du roi Victor-Emmanuel. Vapereau, qui n’a pas son pareil comme potinier, prétend que cette union fut déterminée par des intérêts politiques réciproques de la France et du Piémont ; nous sommes tout disposé à l’admettre, ne fût-ce que pour faire excuser la princesse Clotilde. — Pendant les guerres d’Italie et de Prusse, qui suivirent son hymen, le prince ne joua aucun rôle et se borna à observer les événements avec une rare énergie ; il en eut même trois enfants ; deux garçons et une fille. — Cette dernière fut frappée, encore au berceau, d’un cruel accident : on ne sait quel ami de la maison proposa, et fit accepter pour elle, le nom de Lœtitia.
Au Sénat, le prince Napoléon se fit une assez grande réputation comme orateur. — Il prononça plusieurs discours à sensation, l’un entr’autres, le 22 février 1861, où il menait le pouvoir temporel du pape par un petit chemin vicinal qui ne devait pas avoir été réparé depuis Pharamond. — Nos lecteurs voudront bien se souvenir, à cet égard, qu’en 1848 le prince avait voté l’expédition de Rome ; mais, à cette époque, il n’avait pas de beau-père à placer. — Ces discours incendiaires déplurent à Napoléon III, qui en désavoua bruyamment les tendances, et le prince Napoléon donna sa démission de membre du conseil de régence ; le cours des fleuves n’en remonta pas. — Sa disgrâce fut courte et l’on vit bientôt le prince revenir bourdonner autour du pouvoir dans l’intention bien évidente de se poser dessus aussitôt que possible ; quelques bruits circulèrent même annonçant sa prochaine régence, mais s’éteignirent aussitôt.
En 1869, le prince présida la commission chargée de publier la correspondance de Napoléon Ier ; jusque-là, cette commission avait tout publié sans altération de texte ni coupures ; le prince arrêta les frais et décida qu’il serait à l’avenir fait un choix intelligent des documents au point de vue de « l’intérêt dynastique et national. » Cette façon cascadeuse de travailler pour l’histoire n’échappera à personne, car si l’intérêt dynastique commande de ne pas tout dire, l’intérêt national exige que l’on ne cache rien ; c’était presque aussi difficile à mettre d’accord que deux comédiennes qui jouent dans la même pièce. — Quand éclata la révolution du 4 septembre, le prince Napoléon n’était plus à Paris ; il aurait pu y demeurer sans danger, l’idée ne serait venue à personne qu’il y fût resté. — Quand il vit les princes d’Orléans accourir combattre pour leur