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son entrée. On voit que, tout jeune, il possédait ces principes solides qu’il devait plus tard appliquer avec tant de persévérance. — Le prince Napoléon n’est que le second fils du roi Jérôme ; fidèle à sa règle de conduite, déjà il s’obstinait à ne pas vouloir passer le premier. — Les premières années de sa vie s’écoulèrent comme les premières années de la vie de tout le monde : à faire toutes sortes de confidences intimes à ses fonds de culotte ; la seule chose qui le distingua du commun des mortels, c’est qu’il ne s’en déshabitua pas complétement. — Jusqu’en 1845 il voyagea beaucoup. À cette époque il obtint du ministre Guizot l’autorisation de séjourner à Paris ; il s’y fixa et prit le nom de comte de Montfort. Sous le nom de l’héroïque paladin, il put circuler librement, personne ne le reconnut. — Le 24 juin 1848, le prince Napoléon accourut tout chaud à l’hôtel-de-ville ; nous ajouterions bien que le combat était terminé ; mais ce serait un pléonasme. — Il se porta candidat à la Constituante par une profession de foi si républicaine, que celle du père Raspail, à côté, parut trempée dans de la pommade de concombre. — À peine élu, il vota, en vrai démocrate, avec la droite, l’expédition d’Italie destinée à étayer le pape et le maintien de la peine de mort. — Nommé le 10 février 1849 ministre plénipotentiaire à Madrid, il fut presqu’aussitôt révoqué pour avoir quitté son poste précipitamment une nuit qu’il avait entendu craquer un meuble dans sa chambre à coucher. — À la suite du coup d’État, il se retira dans la vie privée ; mais lors de la restauration de l’empire, il fut désigné pour l’emploi de prince du sang qu’il accepta après s’être informé si c’était dangereux. — Il fut fait grand’croix de la légion, à titre d’avances sur les services qu’il pourrait rendre par la suite, et nommé, sans avoir encore servi dans l’armée, au grade de général de division. — Beaucoup de gens s’étonnèrent qu’on lui donnât un avancement aussi rapide avant qu’il n’eût fait ses preuves comme militaire ; nous pensons que l’Empereur fit bien, car c’eût été bien plus difficile après. — En Crimée, il commanda une division d’infanterie ; est-il nécessaire d’ajouter : de réserve ? — La chronique prétend que ce ne fut pas lui qui prit Malakoff ; mais elle ajoute cependant, si l’on en croit la collection du Tintamarre de cette époque, que pendant cette campagne il fit autant que s’il eût eu vaincu. — Peu de temps après la faiblesse de sa santé (voir son portrait qui est en tête) le fit appeler à Paris ; il quitta… ou plutôt, on l’arracha de son commandement, et Napoléon III, qui ne voulait pas le frapper trop cruellement dans ses goûts belliqueux, lui confia… la présidence de la commission impériale de l’exposition universelle. — En 1857 il entreprit une expédition dans les mers du Nord et renonça définitivement à porter des bretelles qui lui fai-