vous avez !… » — Quand éclata la révolution de février 1848, M. Saint-Marc-Girardin faillit être nommé ministre de l’instruction publique ; mais la combinaison dans laquelle il avait été compris échoua. — Bientôt il siégea à la Constituante au milieu du parti de l’ordre, et depuis cette époque, on n’entendit plus guère parler de lui ; il partagea son temps entre ses travaux littéraires et les regrets éternels qu’il avait voués à la dynastie d’Orléans. — La révolution du 4 septembre devait lui fournir un regain de célébrité. — Le département de la Haute-Vienne l’a envoyé à l’Assemblée nationale où il tient l’emploi d’enfant terrible dans le rayon des bonnets à poil. Il est un des plus jeunes (71 ans) de ce parti, et on l’appelle l’enfant de troupe de l’armée de l’ordre. — Il était aux Débats depuis 45 ans lorsqu’il les quitta brusquement sous le prétexte qu’ils sentaient le pétrole. — M. Saint-Marc-Girardin — avec M. de Broglie pour confident — joua le grand premier rôle dans la fameuse conspiration du 20 juin 1872 qui avait, on le sait, pour but de taquiner M. Thiers jusqu’à ce qu’il prît son chapeau, afin de le remplacer provisoirement par le maréchal Mac-Mahon, que l’on se préposait de remplacer lui-même définitivement par… vous m’entendez bien. M. Thiers ne prit pas son chapeau, le coup rata et M. Saint-Marc-Girardin en fut pour ses frais de scénario et d’im-Brogli-o.
Au physique, M. Saint-Marc-Girardin est un de ces hommes comme le directeur du Gymnase en cherche pour jouer les anciens quincailliers cossus. La physionomie, légèrement pédante, indique l’homme satisfait de lui-même. Quand il ouvre la bouche, on est tenté de l’arrêter, sûr qu’il va vous dire : Un homme qui a de l’ordre et de l’économie arrive toujours. — M. Saint-Marc-Girardin, en un mot, est l’incarnation de ce type du bourgeois prétentieux et plein de lui-même, qui depuis soixante ans arrête le progrès et prétend en régler la marche au gré de ses infirmités, parce que son ventre l’empêche de le suivre.
NOTICE COMPLÉMENTAIRE
PAR LES COLLECTIONNEURS DU TROMBINOSCOPE
M. Saint-Marc-Girardin continue à ne rien faire de remarquable. — Après vingt-deux tentatives infructueuses, il arrive enfin à voir M. Thiers quitter le pouvoir, — mais il n’a pas eu le temps d’essuyer ses lunettes qu’il aperçoit Gambetta porté à la présidence. — Et il meurt le... 19... en murmurant : S’il y a quelque chose de plus maladroit que de changer un cheval borgne contre un aveugle, c’est de changer un vieillard qui n’y voit plus beaucoup de ses deux yeux contre un jeune homme qui y voit très-bien d’un seul.
