guerre de Crimée, Alexandre II ; « se recueille », suivant sa propre expression. — En 1867, il a vendu aux États-Unis, moyennant trente-cinq millions, toute l’Amérique russe ; le vendeur et l’acheteur ont été satisfaits ; quant à la marchandise, on ne lui a pas demandé son avis. — Alexandra II a fait partie du Congrès pour la suppression des balles explosibles ; ce trait d’humanité nous fend le cœur. Le czar aurait même prononcé, à ce propos, ces nobles paroles : En donnant des peuples aux rois, Dieu ordonne à ces derniers de ne pas abîmer leurs soldats en une fois, afin qu’ils puissent leur resservir. — Comme on le sait, le czar est en même temps chef de l’Église, ce qui fait faire à Pie IX le nez d’un perruquier qui voit des gens se raser eux-mêmes. D’ailleurs, il paraît qu’Alexandre II ne s’acquitte pas plus mal qu’un autre de la commission. On prétend même, dans les cercles bien informés, que ce cumul de pouvoir était assez nécessaire pour qu’il eût quelque chose de spirituel. — Depuis quelque temps, Alexandre arme beaucoup. Chaque État de l’Europe s’offre la satisfaction de se persuader que c’est à l’intention de son voisin ; mais qu’il y aura des gens bien attrapés quand ils verront de quel côté se dirigent les fusées du feu d’artifice auquel ils auront cru assister en simples curieux.
Au physique, Alexandre II est un homme d’une encolure assez robuste ; à voir son portrait, avec le nom dessous, on devine tout de suite que l’on a un empereur devant les yeux ; mais si on vous le présentait en personne, comme un marchand de chevaux, l’idée ne vous viendrait pas de réclamer. — Quant à la valeur morale de l’homme, un seul mot en dira tout ce qu’il faut : Alexandra II avait de grandes sympathies pour Vélocipède père. Nous croyons inutile d’insister ; le jour où l’on nous présenterait un monsieur comme ayant beaucoup aimé de Morny, nous considérer comme suffisamment renseigné, et regarder si nous avons encore notre montre dans notre poche, serait pour nous l’affaire d’un instant. — Alexandre II a manqué d’être tué deux fois : la première, par un paysan russe du nom de Korakosow ; la seconde, à Paris, par le Polonais Bérézowski. Les deux coups de pistolet ont été infructueux, parce qu’ils ont été tirés à un an de distance. Notre avis est que c’est beaucoup trop loin.
NOTICE COMPLÉMENTAIRE
PAR LES COLLECTIONNEURS DU TROMBINOSCOPE
Alexandra II continue ses armements le 18…, la Prusse aussi. Il les double le… 18…, la Prusse aussi, il les triple le… 18…, la Prusse aussi. — Enfin, Bismarck s’écrie le… 18… : Que la fête commence !… Pendant ce temps-là… (tais-toi mon cœur !) Et enfin le… 19… Alexandre succombe au chagrin d’avoir été étouffé à la chasse par un gros ours… qui se dérobe aux applaudissements du Trombinoscope sans vouloir même laisser son nom.
