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Voyageurs qui, se trouvant dans quelque Forêt, ne doivent pas errer deçà ou delà, mais marcher toujours le plus droit qu’ils peuvent vers le même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons. Car enfin ils arriveront quelque part, où vraisemblablement ils seront mieux qu’au milieu d’une Forêt.

III. — Se délivrer de toutes les inquiétudes qui ont coutume d’agiter ces Esprits faibles et chancelans, qui se laissent tourner inconstamment par toutes sortes d’exemples ; car ces agitations et ces inutiles et embarrassantes réflexions amusent l’Esprit, et lui ôtent tout ce qu’il peut avoir de force.

IV. — De toutes les pratiques de la Morale, il faut plutôt choisir celles qui nous apprennent à nous vaincre nous-mêmes, que celles qui ont pour but de triompher de la Fortune, et changer nos désirs, sans prétendre rien changer à l’ordre du monde. Je crois que c’étoit le secret de ces Philosophes qui, malgré les incommodités de la vie, ont pu disputer de la Félicité avec leurs Dieux. Mais il est impossible de pratiquer ce secret à moins qu’on ne soit fortement persuadé qu’il n’y a véritablement en notre pouvoir que nos Pensées et nos Désirs.

Avec ce peu de Maximes, on peut avoir une conduite régulière jusqu’à ce que l’on s’en forme une autre par une longue Expérience, s’il est possible d’en trouver une meilleure, la Vie étant courte, et les occasions d’avancer fort rares. »

C’est une pure paraphrase des règles cartésiennes : l’auteur s’y approprie la troisième partie du Discours sans prendre ces la peine d'indiquer à quelle source il a puisé ces Maximes de Morale, ce qui est bien surprenant. Aussi semble-t-il permis de se demander si ce morceau n’est pas apocryphe.Nous inclinons à le supposer : d’abord il ne