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L’EXODE

Prévoyant qu’il ne trouverait point l’occasion d’être seul avec Lucienne, Philippe se leva.

— Monsieur Héloir, dit Mme Fontanet, si vous avez un moment, allez donc faire visite à ce pauvre Axel Borg.

— Il est plus malade ?

— Non seulement il est plus malade, mais sa femme a l’intention de se réfugier en France !

— Elle choisit bien le moment !

— N’est-ce pas ?

Et, s’adressant à l’abbé Froissart :

— Une bien déplorable histoire, monsieur l’abbé.

Le prêtre eut un geste vague :

— Tout est véniel, quand on pense à la guerre !

Mme Fontanet ne répondit point, mais il parut à son silence qu’elle n’approuvait point la réflexion de l’ecclésiastique.

Lucienne, reconduisant Philippe, le retint à causer dans le vestibule :

— Mais vous, demanda-t-elle, après un regard soucieux, pourquoi ne pas aussi partir pour la mer ?

— Vous comptez donc y aller ?

— Non… maman voudrait bien. D’autre part, elle a tant à régler avec son notaire. Mais si vous aviez encore l’intention de partir…

— Impossible !… J’ai loué quatorze lits pour les blessés.

— Oh ! alors…

Il n’y avait point entre eux cette communication