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PREMIÈRE PARTIE
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architecture, qui n’avait souci que d’élégance et de liberté. Marthe, serrant ses jupes, s’éloignait des porches obscurs, où elle croyait voir des gens gratter leurs puces.

Mme Fontanet, admirant par politesse, prenait garde à ne point se tourner le pied sur le pavé inégal et montant. Lucienne et Lysette, bavardaient à l’arrière…

Il faisait chaud. Ces dames auraient voulu s’asseoir ; et, quand on arriva devant l’escalier, accroché au piédestal rocheux de l’église, Mme Fontanet s’écria :

— Impossible !… Je ne pourrai jamais me grimper là-haut.

— Oh ! bien, restons ici ! proposa Mme Héloir, montrant un banc de pierre qui donnait vue jusqu’à l’horizon du lac.

Lysette et Lucienne s’attardant au village, Philippe gravit, sans les attendre, l’escalier raide et bordé de murs bas qui serpentait au flanc de la montagne.

Après une pénible ascension, il trouva l’église fermée, l’endroit solitaire et sans rien de remarquable. Déjà il pensait à s’en aller, lorsqu’un portail en arcade l’arrêta, qui encadrait un jardin éclaboussé de fleurs et de soleil. Un cyprès allongé comme une flamme se dressait vers le ciel éblouissant, et des rosiers sauvages tordaient leurs branches folles parmi des arbustes et des croix.

En approchant, Philippe reconnut un cimetière. Une muraille, rouillée de lichens, le séparait de la montagne. De hautes herbes croissaient entre les tombes,