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QUATRIÈME PARTIE

pain, les dreadnougts impuissants malgré leurs canons, et, dans sa frayeur, elle avait entraîné sa famille, en dépit des risques de torpillage entre Folkestone et Calais.

Ayant conté cette histoire, l’agent de location, avec le dessein de rassurer son auditeur, donna cours à une méprisante ironie :

— Peuh ! fit-il, ces sous-marins allemands, nous les péchons comme des cabillauds… Don’t be alarmed, sir, we are ail right !

Et, avec une soudaine politesse, il ajouta, en reconduisant l’écrivain :

— Puis-je vous rappeler que le prochain terme est payable dans huit jours ?

Ce soir-là, on fit une visite à Mme Fontanet, avec l’intention de lui proposer les chambres où Mme Van Weert avait eu l’obligeance de laisser des draps.

Elle avait aussi prêté des couverts, du linge de table, toute une malle d’objets de ménage, dont elle pouvait se passer. Mme Fontanet, ne possédant guère de bagages, trouverait donc chez les Héloir tout le confort de sa pension de famille.

Quand Marthe l’eut embrassée, la vieille dame se prit à gémir.

— Voyons, dit Philippe, vous, si vaillante, vous perdez courage ?

— Oh ! soupira-t-elle, on le perdrait à moins. Est-ce une existence que nous menons ici ?… Et ce climat ! Je suis percluse de rhumatismes ! Encore, si l’on voyait