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L’EXODE

vous reste seulement à vous arranger, entre vous, afin de partager l’ouvrage, l’entretien du mobilier, le bon ordre de la communauté.

— Monsieur, vous comprendrez que je ne vais pas me charger du nettoyage !

— Ni moi, vous pensez bien !

Il fallait prendre ces dames une à une, les adoucir, les persuader. C’était la besogne de Lucienne. Philippe faisait appel à la bonne volonté des hommes. Il les présentait l’un à l’autre, il leur expliquait la situation, il les engageait à raisonner leur femme.

Après une journée de palabres, Philippe rentrait découragé. Il lui semblait que la nature humaine offrait peu de prise aux sentiments fraternitaires. D’autres fois, il reprenait confiance en elle. Ci et là, se montrait un peu de pitié, de bienveillance, même de tendresse envers les animaux.

Un jour, il aperçut, près de la cage d’un perroquet, un vieillard à longs cheveux blancs qui ressemblait à Barnabé.

Il s’agitait au milieu de cinq ou six femmes, dont une jeune fille, assez pauvrement vêtue, mais d’une beauté somptueuse de Flamande.

— Je ne veux pas ! s’écriait le vieux, je ne veux pas me séparer de mon chien. On me le laissait en Hollande. Pourquoi me le prend-on ici ?… Qu’il soit ou non de race pure, ça n’est pas leur affaire, c’est la mienne… Que le diable emporte leur villa, si mon chien n’y peut entrer !