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QUATRIÈME PARTIE

— Chut ! voici les Grassoux, dit à voix basse M. Van Weert.

S’arrêtant à la vue des trois amis, ils hésitèrent à prendre l’autre accotement de l’avenue. Cela ne se pouvait sans grossièreté. M. Grassoux s’approcha donc, souriant, la main tendue, avec un air affable qui ne laissait pas d’être important.

— Quelle nouvelle ?… comment va ?… Bonjour docteur !

Les enfants, bien stylés, demeurèrent à l’écart, tandis que Mme Grassoux offrait à ces messieurs le bout de ses doigts gantés de suède.

M. Van Weert, laissant tomber son monocle, donna cours à sa curiosité. Les sourcils en points d’orgue, il considéra l’industriel avec une stupéfaction qui lui arrondit la bouche :

— Mon cher Grassoux, j’y perds mon latin ! Voici une demi-heure que je vous observe avec une inquiétude croissante… Que diable faisiez-vous derrière ce vieux ?… J’ai vainement essayé toutes les explications.

— Mon cher Van Weert, vous nous avez pris en flagrant délit de patriotisme.

Et, non sans quelque fierté, l’industriel avoua qu’il filait un espion.

— Pas possible !

— Comme j’ai l’honneur de vous le dire… Depuis quinze jours, nous marchons dans ses pas. Mes enfants ont pour instruction de découvrir son adresse. Imaginez-vous que ce gaillard prend des notes sur les