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L’EXODE

brumeux, sans savoir qu’il était la mire de tant de regards intéressés.

— Mais les Grassoux ?… commença Sylvain.

M. Van Weert l’interrompit :

— Attendez donc !… Un peu de patience !

Bientôt le vieillard, tirant les mains de ses poches, prit des notes au crayon sur un bloc de papier qu’il tenait au creux d’une paume.

On vit alors M. Grassoux allonger le col au tournant d’une villa, sa femme sortir du kiosque de la musique et les trois têtes des jeunes Grassoux s’élever du sol, à niveau de la digue.

Le père agita son mouchoir, en signe que l’occasion semblait propice. Approchant du banc mystérieux, chacun prit garde à étouffer ses pas. Le vieillard fut-il averti d’une présence insolite ?… Consciemment ou non, il cessa d’écrire, mit son carnet dans sa poche et se leva au moment où Mme Grassoux se penchait vers lui.

Aussitôt toute la famille s’arrêta.

Le vieux, paisiblement, revint du côté de la ville, tandis que les mouchards dépités se réunissaient pour le suivre à distance.

Les mains derrière le dos, le front baissé sous le vent, il passa devant ces messieurs qui le dévisagèrent avec un étonnement dont il ne parut point avoir le soupçon.

— Mais je connais cet homme ! s’écria le Dr Claveaux.