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TROISIÈME PARTIE

Il entra. On l’entendit parler à la cabaretière, qui vint se pencher à la fenêtre ouverte.

Bientôt, le Dr Claveaux parut, et l’homme au brassard s’avança en s’essuyant la bouche avec un mouchoir de coton bleu :

— Vous êtes monsieur le docteur ? demanda-t-il, élevant le mouchoir à la hauteur de sa casquette.

— Oui, fit le médecin, qui s’apprêtait à grimper dans son cabriolet.

— Il y a un Allemand blessé.

— Un Allemand ! pas possible ! Où ça ?

L’homme dit le nom d’un village des environs de Langemark.

— Mais, c’est à une heure d’ici ! Et, que diable ! il y a des médecins à Langemark et à Staden. Comment se fait-il que vous veniez me relancer à Poelcapelle ?

— Je n’ai trouvé personne, monsieur le docteur ; j’ai été alors à Ypres. C’est là qu’on m’a dit que vous étiez ici.

Tout en maugréant, Sylvain monta dans sa voiture :

— C’est bien, je vous suis ; partez devant !

À la première côte, lorsque la jument se mit au pas, l’homme au brassard, s’appuyant au garde-boue, expliqua l’échauffourée, dont il avait été l’involontaire témoin.

Quatre soldats belges égarés aperçurent des uhlans chevauchant sur une route. Aussitôt les Belges s’embusquèrent. Ils convinrent de laisser l’ennemi s’approcher à bout portant, de choisir chacun son homme,