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TROISIÈME PARTIE

plâtre colorié. En face de l’unique fenêtre, barrée de fer comme une fenêtre de prison, un grillage de bois noir séparait le couvent du parloir. Un rideau glissa sur sa tringle, la silhouette sombre d’une sœur se révéla par son béguin, et sa voix parut étrangement sonore, comme sous la voûte d’un caveau.

— Bonjour, madame, vos fillettes seront ici dans un moment.

— Ah ! c’est vous, Sœur Amélie !

— Oui, madame… Et quelle nouvelle ? Parle-t-on des Allemands ?

— Mon Dieu ! oui, ma Sœur, on en parle. Mais j’ai peine à croire ce qu’on en dit. C’est affreux !

— Vraiment ?… Espérons que l’on exagère, madame Claveaux, et qu’ils ne viendront pas ici !… Quelle affaire !… Seigneur, protégez-nous !

— Ainsi soit-il, Sœur Amélie !… Les petites n’ont pas été malades ?

— Rassurez-vous, leur santé est parfaite, et leur conduite irréprochable. Elles ont décroché le ruban de sagesse !

— Pas possible !

— Et toutes les deux, chère madame.

— Voilà qui est bien, Sœur Amélie ! Cela me fait grand plaisir.

— C’est surtout remarquable pour Jeanne, qui n’est pas toujours des plus soumises… Mais les voici ! Au revoir, madame Claveaux !