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DEUXIÈME PARTIE

— Parlons peu, mais parlons bien ! Je passerai chez vous demain, à onze heures précises… N’oubliez pas un passeport pour Lysette, et, si j’ai un conseil à vous donner, prenez-en pour vous et pour Marthe… On ne sait ce qui peut arriver… Quant à vos besoins d’argent, je tâcherai d’obtenir à l’usine… mettons trois mille francs. N’espérez pas davantage… Il m’est impossible de vous donner plus. Je me demande même si l’on aura cette somme en caisse. D’ailleurs, elle vous suffira. D’ici cinq ou six semaines, les Anglais nous auront envoyé, pour le moins, un million d’hommes. Dès lors, bonsoir, messieurs les Allemands !

— Vous êtes donc optimiste ?

— Pas du tout… C’est là un mot. Et vous savez que je m’en tiens aux faits. Mais notre petite armée de cent cinquante mille hommes a résisté douze jours aux Allemands. C’est là un fait, un fait considérable. Laissons à la France, à l’Angleterre le temps de se porter à notre secours, et je vous donne mon billet que les Prussiens seront vivement reconduits à la frontière.

— Espérons-le !

— Cela est certain. Mais il faudra un ou deux mois… Conclusion : avec quatre mille francs, vous pourrez attendre mon retour… Quant à Lysette, je vous la ramènerai, dès que ces messieurs boches tourneront les talons.

Poussant du ventre son neveu, qui le remerciait de son obligeance :

— Tu, tu, tutte !… pas de remerciements, mon