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DEUXIÈME PARTIE

Essuyant son front chauve et ses bajoues rasées, il dit, d’une voix rauque, dont l’effort lui gonflait une veine à la tempe :

— Claire, les fillettes et Calixte sont déjà partis… vous avez lu les atrocités ?

Comme il restait debout devant Philippe, sans l’inviter à s’asseoir, l’écrivain chercha une transition pour amener son oncle à la question d’argent.

M. Grassoux lui épargna cette peine. Ayant pour principe de ne considérer que des faits, il ne perdait point son temps à la vanité des paroles :

— À propos qu’est-ce qui vous amène ?

— Mon Dieu ! je voudrais bien ravoir une partie des sommes que j’ai déposées chez vous… Nous n’avons plus rien.

L’autre parut étonné :

— Diable !… Je ne puis pourtant pas vous remettre ainsi votre argent tout de suite, au pied levé… Vous êtes bon !

— Oh ! je ne demande qu’une dizaine de mille francs.

— Pooh ! Pooh ! souffla l’industriel, en se promenant de long en large, comme vous y allez !… Vous n’ignorez pas qu’on ne peut retirer ses capitaux des banques ?

— Justement ! C’est pourquoi je viens à vous.

— Ah !… flatté de la préférence. Mais je ne les ai pas, vos dix mille francs… Vous comprenez bien que si j’ai tait valoir votre argent, ce n’est pas en le fourrant dans un bas de laine.