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je dis que non, pour qui a les moyens. D’accord que ça n’a ni père ni mère, et que je ne lui donnerai pas ma fille… Tout de même c’est un mendiant de moins par le monde. Et puis, tenez, faut tout dire, c’est un bon garçon, M. Charles. » Et aussitôt ces mêmes paysans, dont pour la première fois je voyais à nu les égoïstes préjugés, firent à l’envi mon éloge avec une bienveillance qui ne pouvait me paraître suspecte. J’en fus surpris, car j’ignorais alors que dans la même âme peuvent vivre ensemble les préjugés les plus durs et une bonté naturelle ; néanmoins leurs paroles me touchèrent et versèrent quelque baume sur le déchirement de mon cœur.




Dans ce moment, Louise entra, et, peu d’instants après, M. Prévère. Aussitôt les conversations cessèrent, et un silence inaccoutumé régna dans l’église. Pendant que M. Prévère montait les degrés de la chaire, tous les regards se dirigèrent sur lui ; ils se portèrent ensuite sur le chantre, puis ils revinrent sur Louise. Cette jeune fille, en tout temps si timide, avait baissé la tête, et l’aile de son chapeau dérobait aux regards sa rougeur et son trouble.

M. Prévère lut dans la liturgie la belle prière qui ouvre, chaque dimanche, l’exercice de notre culte ; après quoi, le chant des psaumes commença. Contre son habitude, il ne joignit pas sa voix à celle du troupeau ; mais, s’étant assis, il paraissait triste et abattu. Il porta plusieurs fois les yeux sur la place où il avait l’habitude de me voir, et qui était demeurée vide ; et, autant qu’il osait le faire sans distraire ses paroissiens, son visage compatissant se tournait du côté de Louise. Les chants