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boire un coup d’eau-de-vie et s’essuyer le front.

Pendant ce temps, l’autre, l’ingénieux, rebroussait jusqu’à l’origine de sa traînée de poudre. Il y atteignit au bout de deux heures de marche, et il y mit le feu avec sa pipe : c’était pour détruire l’indice. Deux minutes après, il entendit une détonation superbe, qui, se répercutant contre les parois de ces montagnes, roulant par les vallées, et remontant par les gorges, lui causa une surprise merveilleuse : c’étaient les dix-sept sacs, qui, rejoints par la traînée, sautaient en l’air, y compris les dix-sept pères de famille assis dessus. Sur quoi je remarque deux choses.

La première, c’est que cette histoire est une vraie histoire, agréable et récréative, suffisamment vraisemblable, prouvée par la tradition et par le couloir qui subsiste toujours, comme chacun peut aller s’en assurer. Je la tiens pour aussi certaine que le passage d’Annibal par le mont du petit Saint-Bernard. Comment prouve-t-on le passage d’Annibal par le petit Saint-Bernard ? On commence par vous montrer une roche blanche au pied du mont ; après quoi, l’on vous démontre que c’est celle que le Carthaginois, arrivé au sommet, fit fondre dans du vinaigre.

La seconde chose que je remarque, c’est que, dans cette histoire, dix-sept hommes périssent ; mais, remarquez bien, il en reste un pour porter la nouvelle. C’est là, si je ne m’abuse, le signe, le criterium d’une histoire modèle ; car, dans une bataille, un désastre, une catastrophe, que peu périssent, c’est mesquin ; que tous périssent, c’est nuit close. Mais que, du beau milieu d’une immense déconfiture, un, un seul en réchappe, et tout justement pour porter la nouvelle, c’est l’exquis du genre et la joie de l’amateur. Et c’est pourquoi l’his-