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— Plus grand’chose. Après cela, je me suis levé, et j’ai voulu voir ses bambins qui dormaient par là… Elle s’est prêtée en riant à me les montrer. Ce que j’admirais, c’est la propreté, le soin, l’ordre, mêlés partout d’une certaine élégance, au milieu d’une simplicité grande. — Vous faites-là leurs robes ? lui ai-je dit… — C’est ma mère, monsieur ; mais, en son absence, j’y travaillais. Alors j’ai pris sa main pour la baiser, et elle a gardé la mienne pareillement pour m’accompagner. C’est moi qui, sur le seuil, lui ai conseillé tout bas de ne pas venir plus avant, si elle ne voulait pas s’exposer à te rencontrer. Elle a rebroussé bien vite. C’est tout. Voici onze heures, allons dormir maintenant.

La vieille sourit. — Tu as raison, Marguerite. Tout le monde ne dormira pas cette nuit ; mais nous deux, ma vieille, nous dormirons pour tout le monde.




Vers minuit, les parents revinrent. En prêtant l’oreille, je pus comprendre qu’il y avait entre les membres de cette famille un débat grave et animé. Vers deux heures ils se levèrent de leurs siéges, et, s’étant séparés, j’entendis les deux époux, retirés dans leur chambre, s’entretenir longtemps encore, jusqu’à ce que tout rentrât enfin dans le silence. Je ne me mis point au lit ; mais, en proie à une vive agitation, j’attendais le jour avec impatience.

Dès que mon oncle Tom fut éveillé, et tandis qu’il s’habillait, je me fis redire toutes les circonstances de sa visite de la veille. Pour me complaire, le bon vieillard les racontait de nouveau une à une, avec un ton de douce sécurité qui, me faisant illusion, ranimait mon espoir et renouvelait mes transports. Toutefois je trou-