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ingrate copie, et, posant le pinceau, je m’abandonnais à ma rêverie pendant des heures entières.

Cette vie intérieure a son charme et son amertume. Si ces songes sont doux, le réveil est triste, sombre ; l’âme rentre dans la réalité, ayant fatigué ou perdu son ressort. Aussi, incapable après ces heures de reprendre mon travail, et non moins incapable de faire renaître les songes, je quittais ma demeure pour aller au dehors promener mon ennui.




Ce fut dans l’une de ces promenades qu’une rencontre fortuite vint me tirer de cet état de langueur et de demi-oisiveté.

Un jour, j’allais rentrer dans ma demeure par la porte qui est du côté de l’église, sous le gros tilleul. Un brillant équipage stationnait auprès. À peine l’eus-je dépassé, qu’une voix, que je reconnus aussitôt, me porta à retourner la tête avec vivacité… — Monsieur Jules ! s’écria la même voix avec émotion.

Dans mon trouble, j’hésitais à m’approcher, lorsque je crus comprendre qu’on m’y invitait. Je rebroussai ; un geste rapide ouvrit la portière, et je me trouvai en présence de l’aimable Lucy. Elle était en habit de deuil, les yeux mouillés de larmes… À cette vue les miennes coulèrent.

Je me souvenais tout à la fois de sa robe blanche, de ses filiales alarmes, des paroles du vieillard, de sa bonté envers moi !… — Oh ! qu’il méritait de vivre, lui dis-je bientôt, et que c’est une cruelle perte, mademoiselle !… Permettez que je donne ces pleurs au souvenir que je conserve de son aimable bonté. Lucy, encore trop émue pour répondre, me pressa la main avec un mouvement