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bras de mon oncle. Ce désir était si pressant, si extrême, qu’à la seule pensée qu’il pût être déçu, je m’abandonnais au découragement. — Mon oncle ! mon bon oncle ! disais-je le cœur gonflé d’attendrissement, que je vous voie seulement, que je vous parle… que je sois où vous êtes !




En ce moment, une voiture de voyage passait sur la grande route, traînée par six chevaux de poste dont le galop soulevait un long tourbillon de poussière. Le postillon faisait claquer son fouet, tandis que les domestiques dormaient nonchalamment sur les siéges. Cette voiture avait déjà dépassé d’environ deux cents pas l’endroit où j’étais assis, lorsqu’elle s’arrêta ; et un des domestiques, étant descendu, se dirigea vers moi.

J’allais m’enfuir, lorsque je crus reconnaître John, le domestique de la jeune miss. — Êtes-vous, me dit-il, le jeune homme qui a disparu hier de la maison de Saint-Pierre ?

— Oui, lui dis-je.

— Alors, suivez-moi.

— Où ?

— Vers la voiture. Votre maître est dans un bel état, allez !

— Où est-il, mon maître ?

— Il vous cherche par les quatre chemins… petit drôle !

Ces mots me donnèrent quelque soupçon que M. Ratin pouvait s’être joint aux voyageurs, en sorte que je me refusais à suivre John, lorsque je vis de loin une robe blanche descendre de la voiture. Je me levai aussitôt, et je me mis à courir vers la jeune miss pour