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menus herbages, de foin si l’on veut. Tout d’ailleurs est en accord avec le café, en sorte que nous renchérissons encore sur le maigre déjà bien suffisant de saint Bruno.

Comme on sait, les salles d’auberge sont communément décorées d’estampes caractéristiques, soit des goûts bucoliques ou militaires du maître de la maison, soit de ceux des habitués qui y mangent ou y logent. Qui n’a pas vu ainsi sous les traits de la grande armée, avec leur légende au bas, Mentor et sa barbe faisant une affreuse mine à Calypso ; Chactas et ses plumets, pendant que le père Aubry, bossu par l’âge, met en terre Atala ployée dans un linceul ; Virginie bleu de ciel aux pieds de Croquemitaine le planteur ? Ici le vice puni, la constance victorieuse, le repentir récompensé, tout ce qui peut à la fois secouer la conscience des lurons et des viveurs, faire réfléchir les demoiselles, et à tous ces titres plaire au moraliste ; c’est l’Histoire de Cécile, fille de Fitz Henry, séduite pur Arthur, dédiée aux cœurs sensibles, en quatre tableaux : la séduction, la fuite, le repentir, la réconciliation. Il vaut la peine, certes, de donner une description de ces tableaux, et nous allons nous y essayer.

Dans le premier tableau, c’est Arthur en habit neuf bleu à boutons d’or, qui tient des propos à Cécile en robe rose, sous un arbre vert, le coude appuyé sur un monument que l’artiste a jugé nécessaire à l’harmonie de la composition et à la convenance historique.

Dans le second tableau, c’est Cécile en fuite, en robe rose, mal peignée en signe d’affliction, sous un arbre sans feuilles, car c’est l’arrière-automne, et il fait froid.

Le troisième tableau représente le repentir de Cécile, sous un arbre vert ; nous le donnons ci-contre, et en voici la légende mot pour mot : Cécile prend le parti d’aller demander le pardon à son malheureux père,