Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/546

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



VINGT-DEUXIÈME JOURNÉE.


Vers l’aurore, le froid devient si âpre dans nos dortoirs ouverts, que, secouant nos peaux de lapin, nous courons nous réfugier autour de l’âtre où cuit la soupe. Alors la vieille : « Soyez tranquille, mon ami ; » puis, après nous avoir distribué des ustensiles, et sans même déplacer la chaudière, elle se met à servir à chacun sa portion, avec toute la bonne grâce d’une vivandière qui se plaît à bien réconforter des petits tambours transis. De l’énorme bouillie, il n’est laissé goutte, et nous quittons le logis du Pin, sinon repus, du moins convenablement ballonnés.

Le pays redevient pétré. Mais près de Castellane la vallée s’élargit, et quelques semblants de fertilité se font apercevoir ci et là. Castellane est un groupe de masures avec un fumier devant chaque porte : le tout