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agréable et trompe la fatigue. Les naturels appellent pays tous ces petits vallons où s’élève une ville. D’un pays à un autre il n’y a guère plus d’une heure de marche.

Les Apennins ne conservant point de neige pendant l’été dans cette partie de leur chaîne, la contrée manque entièrement de ruisseaux et de sources. Aussi presque partout les habitants sont réduits à se creuser des citernes, et ce qu’il y a de curieux, c’est que ces citernes, creusées à quelques pas de la mer dans le sable du rivage, leur fournissent néanmoins de l’eau douce. Mais s’il n’y a pas de sources vives ni de ruisseaux permanents, en revanche, les moindres pluies qui viennent à tomber sur ces monts peu élevés s’écoulent en quelques minutes dans le vallon et y forment des torrents d’une violence extrême. Aussi chaque pays a-t-il son lit de torrent, espace aride, route royale, que le monarque se réserve en tout temps pour venir visiter ses peuples. Il résulte de cet état de choses que c’est dans le pays de la terre où il y a le moins de rivières que l’on rencontre le plus de ponts. Chacun de ces lits, en effet, est traversé obliquement par un pont solide mais étroit, et où les voitures ne peuvent passer, et dans la saison pluvieuse elles sont fréquemment obligées