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sans perdre de temps l’on se met à l’œuvre. Cet endroit, célèbre désormais parmi nous, se nomme Chandrieux.

Quand tout est consommé, il ne reste plus qu’à payer, c’est, en voyage, le dessert de tous les repas. On demande la note. « Mes bons messieurs, dit alors madame Godaz, je ne sais comment je m’y prends, mais je trouve quarante sous par tête. C’est beaucoup trop. — Un peu trop, en effet, reprend M. Töpffer ; mais je vais vous faire votre compte. Combien le vin ? combien le pain, les œufs, les saucisses, le miel, le beurre, le fromage, les cerises ?… J’additionne, c’est vingt-trois francs, juste un franc par tête. — Je savais bien, reprend madame Godaz, que je devais m’être trompée. Excusez-moi. D’ordinaire, c’est Godaz qui chiffre, et voilà comment je n’y entends rien. » Tant d’honnête ingénuité nous touche, et c’est le cœur remué d’estime et de gratitude que nous faisons à cette bonne hôtesse des adieux pleins de cordialité.

Après une paroisse environ de chemin au travers d’un canton élégamment boisé, nous atteignons aux rives du lac Bourget, qui, pour l’heure, n’est, en effet, nullement tempétueux. L’onde, unie comme une glace, réfléchit vers l’horizon les sérénités du ciel, et plus près de nous, sur la droite, le promontoire qui supporte les hautes tours d’Hautecombe. Nous