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Il y a bien quelque chose de visible, nous en convenons, à voir un particulier de cette taille qui en est encore à apprendre son rudiment : cela fait l’effet d’un grand garçon qui serait encore en nourrice. Mais il y a quelque chose de risible aussi à voir dans nos villes des adultes, des enfants, en être déjà à étudier toutes les sciences à la fois, après avoir été préalablement bourrés de rudiment, de syntaxe, de philologie et d’antiquité : cela fait l’effet d’un moutard qui, trop tôt sevré, s’empâte de bouillie, ou encore, faute d’y pouvoir mordre, suçote un gros quartier de jambon. Entre ces deux extrêmes, il y aurait sans doute un milieu à tenir, mais, à notre avis, des deux le pire, s’il s’agit de former un homme, et non pas de faire courir bride abattue sur une profession, c’est sans contredit le second.

Autrefois l’instruction classique faite avec lenteur occupait à elle seule les années de l’adolescence et de la jeunesse, en telle sorte que si, d’une part, cette instruction mieux établie et mieux digérée portait ses fruits en développement de l’intelligence et en ornement de l’esprit, d’autre part, elle n’empiétait point sur ces longs loisirs, sur ces journées, sur ces mois de récréation, de mouvement, de liberté, qui sont indispensables au dé-