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que l’on marchande, là ce sont des rubans, des points, des attifements que l’on s’essaye ou que l’on choisit. Le cor des Alpes retentit soudainement : c’est le signal donné aux acteurs du Schauspiel pour qu’ils aient à se tenir prêts.

Vers dix heures, deux diableteaux noirs, cornus, agiles, descendent d’une hauteur, parcourent avec légèreté la rue, et d’une baguette qu’ils tiennent ils touchent, menacent, désignent… Tout aussiôt enfants de fuir, gens de dégager la voie, forains d’enlever précipitamment leurs étalages ; puis, du même côté d’où sont descendus les diableteaux, une musique se fait entendre : les clarinettes, les hautbois, les cornemuses qui crient, les bassons qui nasillent, le chapeau chinois qui carillonne et la grosse caisse qui règle et qui domine à la fois le charmant tumulte de ces éclatantes fanfares : c’est le cortège des acteurs. Les diableteaux retournés à leur poste ouvrent la marche, conduits par Lucifer. Viennent ensuite le père, l’aïeul, les seigneurs, Rose et Künrich, les deux principaux personnages du Schauspiel, puis le curé qui marche en tête des quatre anciens de la commune, tous en costume de magistral, et dont l’un, lecteur du prologue et souffleur de la pièce, porte sous son bras un in-folio relié