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admirer la belle nature. Le touriste pie est fier de ce pelage : c’est l’annonce de ses sueurs, l’enseigne de sa crânerie, l’emblème de son ton légèrement estaminet et aux trois quarts pipe d’écume. Avec cela, serviable, rieur, tout à tous et qui, s’il parait un peu commun, ne se montre du moins ni fier, ni hautain, ni nono, ni olympien, quand même il a une barbe de Jupiter et une crinière de Neptune.

Plus loin, mais attendons… ; en ce moment arrivent quelques voyageurs qui demandent secours pour un Anglais demeuré en chemin. Cet Anglais, homme fort pourtant et jeune, a déclaré ne pouvoir faire un pas de plus, en sorte que, couché sur le bord de la chaussée, il attend ou qu’on l’y laisse, ou qu’on l’y relève, comme on voudra. Vite on lui envoie du monde, une mule, et bientôt il entre dans la salle, s’assied à table, et y dévore des quartiers de tout ce qui se présente. Quelquefois, en effet, même à la hauteur relativement médiocre du Saint-Bernard, et surtout si l’on y arrive à jeun, la rareté de l’air suffit pour opérer ces lassitudes qui, pour être factices, ne vous en couchent pas moins sur le carreau. Aussi, règle générale, quand on passe les cols très-élevés, et tout particulièrement ceux ou l’on peut redouter d’être surpris par l’orage ou par le froid, il est toujours bon, et dans certaines occasions indispensable pour pouvoir conjurer le danger, d’avoir l’estomac lesté ou du pain dans le bissac. Une goutte d’eau-de-vie pure, quand on a eu peur ou quand l’épuisement se fait sentir, fait merveille aussi.

Plus loin c’est une collection de touristes Sand. Ce touriste-Là est aussi incompréhensible qu’incompris : c’est un homme caprice, une sorte de type manqué qui ne se rapporte à rien qu’aux types également manqués, mais du moins brillants, qu’on rencontre dans les romans de cette Corinne qui porte un nom d’homme et qui fume des cigarettes. Le touriste Sand se croit des impressions, et il n’en a pas ; des sensibilités mystérieuses, et c’est tout simplement son habit qui est de couleur cannelle. Bêtement assis ou bêtement debout, il pose on ne sait ni pour qui ni pourquoi ; et avec cela blafard, étonné, blasé, plat, musqué, Lélia, fumeur, et Tremnor tout ensemble, tantôt un sourire niais illumine sa face de dernier chapitre d’un roman, tantôt une tristesse sans cause voile comme d’un crêpe intime les vapeurs de son regard. Ah le drôle d’animal ! le ridicule et digne produit d’une littérature au rebours de l’art, du bon sens et de la morale ! et quel agrément de penser à cette occasion que cette littérature-là, après avoir chatoyé au soleil de la romantique vie de juillet, passe rapidement comme les couleurs fausses, après avoir pauvrement déteint