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HUITIÈME JOURNÉE.


Le chalet où nous nous efforçons de dormir est situé au milieu d’une cité d’étables et de bercails, en sorte que, durant tout le cours de la nuit, selon qu’une vache bouge ou qu’une brebis remue, une, deux clochettes se font entendre constamment, de ci, de là, fort loin, tout près. Mais, vers l’aube, le carillon devient général, et au concert des clochettes se mêle celui des bêlements, des mugissements de tout timbre, de tout calibre. Qu’il est neuf pour des citadins d’être réveillés par ces clameurs des bestiaux impatients de paître, et, pour le montagnard exilé dans nos villes, combien l’absence de cette musique du matin doit lui sembler ingrate, cruelle !

Du reste nous apprenons que c’est aujourd’hui la fête des brebis, c’est-à-dire que, dans peu d’heures, de toutes les sommités voisines vont arriver d’immenses troupeaux qui envahiront le pâturage ; puis, dans un espace