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épaule ! À peine entrés, déjà tout s’organise. Voici des bancs, voici un tabouret, une hotte, un sac, un coffre : quinze sont assis. Deux se hissent sur le poêle, quatre sur le lit : tous sont placés ; on déballe alors, on distribue, on croque ; la vieille apporte des pommes de terre et du beurre ! le gendarme apporte des omelettes !… À ce spectacle, une incomparable joie s’ajoute à un appétit incomparable ; et de tous les gîtes où nous sommes entrés, celui-ci est proclamé le pire et le meilleur, le plus dénué et le plus riche, celui, sans contredit, où nous avons improvisé le plus délectable banquet. Pour couronner l’œuvre, âtre et marmite sont mis en réquisition, et Morin, qui vient de quitter la chambrette, y reparaît précédé d’un négus bouillant, parfumé, fastueux et très-certainement inénarrable.

Le banquet fini, on organise la couchée : vingt dans le fenil, M. et madame Töpffer dans la chambre, en compagnie d’un moutard du cru ; le gendarme et la vieille en bas, autour de l’âtre, qui envoie jusque dans le fenil, jusque dans la chambrette, tantôt de rouges lueurs, tantôt des tourbillons de grise fumée.