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grêles. Le dévalisé est un grand particulier qui, pour être plus au frais, a tout mis dans son sac, veste et culotte ; aussi, n’était sa charge, on le dirait échappé tel quel d’entre les mains des brigands. Tandis que les deux premiers, fiers de leur monstruosité phénoménale, s’attendent au regard et semblent un dromadaire de ménagerie qui, lâché dans la campagne, laisse le gamin s’approcher et le bourgeois regarder pour rien, le dévalisé, au contraire, humble de sueur et boiteux de fatigue, donne de l’air à ces rossés de collège qui rentrent au logis décolletés et mi-vêtus.

Au surplus, ce chevelu, ce trapu, ces barbus d’hier, tant d’autres qui, rien que par plus de crin ou de stature, se font un mérite personnel et une position dans le monde, ne seraient-ils point tous ensemble une variété de sots qui n’appartient qu’à notre temps ? Sans doute, alliés à ceux d’esprit ou de caractère, les avantages naturels de jeunesse, de traits, de stature, sont aussi précieux qu’attrayants, et nous sommes fort de l’avis du poëte :

Pulchrior et veniens, pulchro in corpore virtus.

Mais ces mêmes avantages, devenus factices, phénoménaux à force d’art, de savon ou de gymnastique ; devenus galons de vanité, épaulettes d’orgueil, insignes de distinction à force d’être mis en montre ; devenus la