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justement M. G., le cousin des Simond, les y protège autant et plus contre le vandalisme de la truelle et du marteau que contre les atteintes du lierre, ou contre le lent assaut des châtaigniers, dont les fortes racines soulèvent les pans séculaires, tandis que le fruit tombé des hauts rameaux, en germant parmi les moellons, les écarte. Au bout d’une heure passée sous ces châtaigniers dans la compagnie de M. G., qui a voulu nous y guider lui-même, nous descendons le revers opposé du mont, en nous dirigeant sur Lavey. Chemin faisant, Shall jette nonchalamment des pierres dans des directions quelconques, lorsqu’un faucheur se réveille tout exprès pour lui vociférer une apostrophe tonnante. Shall, occupé de nuages principalement, ne remarque, n’entend ni ne s’étonne, en sorte que toute la bordée porte bientôt sur M. Töpffer. « Si vous saviez votre métier, lui crie le faucheur, vous n’élèveriez pas des mosieux rien que pour les enseigner à jeter des cailloux dans les regains… Dites voir ! quand j’aurai éreinté ma faux à faucher les cailloux de votre petit mosieu, c’est-il vous qui me la referez bien tant ? » etc., etc. Il y a dans la vie des moments désagréables pour l’instituteur, en voici un, sans compter les autres.

Il faut que les eaux de Lavey aient d’éclatantes vertus, puisque, malgré l’ingrate nudité de l’endroit, elles attirent annuellement une nombreuse société de malingres. L’on dirait un terrain qu’a ravagé l’incendie et sur lequel on vient de rebâtir hâtivement, en commençant par l’auberge. Point d’ombrages, peu d’espace, et pour vue la vallée de Saint-Maurice, là justement où elle a commencé d’être pauvre et grillée. Les environs,