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prix-là, elles lui pardonnent d’être un peu mûr, un peu fatigué, d’avoir quelques cheveux blancs, et même d’être légèrement chauve.

Quand on reproche aux Français de l’an 2000 l’insouciance vraiment incroyable avec laquelle ils se marient, ils répondent que c’est là une nécessité impérieuse du mariage, et que si l’on devait connaître à fond la personne qu’on va épouser, on n’en voudrait plus, et tout le monde resterait célibataire.

Naturellement des unions contractées si légèrement ne sauraient être ni bien heureuses, ni bien durables. Aussi arrive-t-il trop souvent que les époux ne peuvent vivre ensemble et réclament leur séparation. Celle-ci s’obtient avec la plus grande facilité. Il suffit qu’un des conjoints écrive aux magistrats une lettre où il demande à être séparé pour cause d’incompatibilité d’humeur, et le mariage est aussitôt rompu, alors même que l’autre époux y est opposé et voudrait rester unis.

Le Gouvernement socialiste a même eu l’aimable prévenance de faire faire des demandes en séparation tout imprimées, où il n’y a plus qu’à remplir les noms, à dater et à signer. On les jette ensuite à la poste, et, sans avoir besoin de se déranger autrement, on reçoit l’autorisation voulue par le courrier du lendemain. Du reste, bien souvent, à peine les époux séparés se sont-