Page:Tony Moilin - Paris en l'an 2000 - Librairie Renaissance et l'auteur - 1869.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.

afin de prévenir l’usurpation du pouvoir et de ne pas se donner un maître. Mais bientôt les Socialistes s’aperçurent que, pour éviter un danger, ils étaient tombés dans un mal beaucoup plus grand, l’anarchie.

En effet, à peine le Secrétaire annuel était-il élu, qu’aussitôt on se demandait avec anxiété qui l’on mettrait l’année prochaine à sa place. Les candidats ne manquaient pas, et dès que l’un d’eux paraissait avoir le plus de chances, immédiatement il était circonvenu, adulé, acclamé. Chacun voulait être son ami intime et concourir à son élection, les uns, crainte de perdre leur position, les autres, afin d’en avoir une meilleure.

Il y avait donc toujours en France deux chefs du gouvernement à la fois, l’un en exercice et l’autre en expectative. Ce dernier n’était pas le moins influent, et ses partisans innombrables s’agitaient avec la passion de l’ambition qui espère. Pour mettre leur homme en lumière et assurer son élection, ils faisaient au Pouvoir une opposition systématique, critiquant indifféremment tous les actes de l’Administration et répétant sur tous les tons que jamais la France ne serait heureuse tant que l’on n’aurait pas nommé le candidat de leur choix.

Une fois élu, le nouveau Secrétaire commençait par destituer tous les employés qui ne s’étaient