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béissent pas, il ne peut céder, d’autant qu’au point de vue terrestre, ce refus des Doukhobors de se plier aux exigences du gouvernement n’a aucune excuse loyale et s’oppose à tout l’ordre existant consacré par le temps. On ne peut pas admettre un tel refus, car si on l’admet pour dix, demain, mille, cent mille ne voudront plus trainer le fardeau des impôts et du service militaire. On ne peut l’admettre car au lieu de l’ordre, de la garantie de la vie sociale, le despotisme, l’anarchie triompheront, et ni la propriété ni la vie ne seront protégées. Ainsi doivent raisonner les gouvernants. Et ils ne peuvent raisonner autrement, et ils ne sont pas coupables de raisonner ainsi. Abstraction faite de cette pensée égoïste que de semblables refus le priveraient des moyens de subsister, qu’il arrache au peuple par la violence, abstraction faite de tout sentiment égoïste, tout fonctionnaire du tsar, tout garde champêtre doit jusqu’au plus profond de son âme se révolter de voir quelques paysans illettrés refuser d’accomplir ce qu’exige le gouvernement. « De quels droits ces hommes si humbles vont-ils se permettre de nier ce qui, reconnu et fait par tous, est consacré