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attendit les mesures que prendraient les autorités. Mais toute la journée se passa tranquillement. Le soir, nous nous rendîmes de nouveau au même endroit, et il fut décidé de brûler tous les débris afin que personne n’en pût rien tirer. On apporta du charbon, un soufflet pour aviver la flamme et fondre les parties métalliques. La nuit se passa sans incident. Dès que parut l’aube, nous commençâmes les prières. La foule était plus nombreuse, il y avait des femmes, des adolescents, ceux qui habitaient loin étaient venus en charrettes. Comme je vous l’ai dit, nous avions gardé secrète entre nous notre intention de brûler nos armes, afin qu’on ne nous en empêchât pas ; et nos voisins, les Doukhobors qui n’étaient pas d’accord avec nous, soupçonnèrent que nous avions l’intention de faire quelque chose avec les armes, mais ils ne savaient quoi, et ayant appris que nous les rassemblions, ils pensèrent que nous voulions piller l’asile, qui avait été cause de nos discussions intestines.

« Comme nous nous attendions à être chassés ou déportés pour notre refus de servir le gouvernement, quelques-uns d’entre nous avaient fait des préparatifs en consé-