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khobors qui leur fut alors confirmé, cessèrent de s’appeler des Russes et formèrent un peuple à part, un État particulier théocratique, vivant de sa vie propre, en payant seulement un tribut au tsar.

Leur émigration au Caucase n’altéra en rien leur organisation intérieure, et là-bas, ils développèrent encore plus leurs caractères spécifiques, et cela, grâce surtout à la diversité des populations caucasiennes parmi lesquelles ils étaient jetés. Au milieu des Grouzines, des Arméniens, des Tartares, etc., qui les entouraient, pendant les cinquante années de leur vie au Caucase, ils se constituèrent en un royaume de paysans.

La faiblesse, la vénalité et la négligence de l’administration caucasienne ne tirent que fortifier les Doukhobors dans leur propre opinion. Ils avaient des représentants élus qui réglaient tous les rapports entre eux et les autorités, et les Doukhobors — citoyens — n’y avaient aucune part.

L’élévation des opinions morales des Doukhobors, dont la base est la négation du pouvoir, et qui leur donne la force de supporter les persécutions, leur vie sobre et laborieuse, tout cela les enveloppait du « bouclier de la vérité » et leur valait l’estime du