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qu’existent des maîtres et des esclaves ? La loi de Dieu ordonne aux hommes de vivre fraternellement sans partager, mais en s’unissant et en s’aidant l’un l’autre. Mais si un homme délimite et s’approprie la terre qu’il n’a ni créée ni travaillée, comment alors partagerait-il les fruits de son travail ? Et comme toute violation de la vérité divine excite le mal, ainsi pénétrerait-il chez nous, comme à l’époque où, sans réfléchir, nous avions commencé d’obéir à la loi, opposée à cette vérité, du partage de vos terres aux émigrants.

Déjà la délimitation de la terre entre nos villages a excité parmi nous des désaccords que nous ne connaissions pas avant. Que serait-il donc si chacun de nous devenait le propriétaire d’un terrain à part, et si les terres sur lesquelles nous vivons devenaient propriétés personnelles ? Ce peut être une grande corruption pour le fort, et, pour le faible, c’est la perte morale.

C’est pourquoi, tout ceci considéré, nous vous demandons de ne pas nous donner la terre pour l’installation et le travail agricole aux conditions en vigueur pour les émigrants, mais comme vous le pratiquez vis-à-vis des populations indiennes qui reçoivent