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croit être à soi, autrement que par la violence, c’est-à-dire, le cas échéant, par la lutte et, s’il le faut, le meurtre. Sans violence et sans meurtre, la propriété ne saurait se maintenir. Si nous détenons la propriété sans commettre nous-mêmes des violences, c’est uniquement parce que notre propriété est garantie par les violences des professionnels qui ont pour tâche de maintenir la propriété. Admettre la propriété, c’est admettre la violence et le meurtre, et ce n’était pas la peine de refuser le service militaire et policier pour admettre la propriété, qui ne se maintient que par le service militaire et policier.

« Ceux qui accomplissent le service militaire et policier et profitent de la propriété, agissent mieux que ceux qui refusent tout service militaire ou policier, tout en jouissant de la propriété. Ceux-ci ne servent pas eux mêmes, il est vrai ; mais ils profitent du service des autres. On ne peut pas fractionner la doctrine chrétienne. Elle forme un bloc indivisible. Si l’homme veut être fils de Dieu, il faut qu’il admette que l’amour du prochain découle logiquement de cette filiation ; et l’amour du prochain est incompatible avec le serment, la vio-